Toi, le/la nouvel(le) enseignant(e) qui s'étonne devant les 100 premiers jours qui sont déjà terminés. Je t'écris pour te dire des choses que j'aurais aimé savoir il y a 100 jours. Ces journées ont défilé sous mes pieds aussi rapidement que la taille des crayons neufs de mes élèves dans l'aiguisoir murale.
Il y a 100 jours, j'étais un nouvel enseignant fébrile et motivé à l'idée d'entamer ma première rentrée scolaire. Le défi qui se présentait à moi était énorme, même géant. Nouvelle école, nouvelle équipe, aucun mobilier, que des tableaux vides et un bureau neuf.
Il y a 100 jours, je rencontrais mes élèves pour la première fois. J'ai cherché longtemps pour avoir l'idée du siècle afin de les rencontrer et pour me présenter. À mon avis, je l'ai trouvée cette idée là et j'en étais très fier.
Il y a 100 jours, j'ignorais les obstacles qui m'attendaient sur mon chemin. J'ignorais les difficultés de mes élèves. J'ignorais toutes les structures et les procédures administratives qui longeaient mon chemin sinueux. J'ignorais.
Il y a 100 jours, je ne m'imaginais pas écrire ce billet dans mon blogue, mais c'est important pour moi de le faire ce soir. C'est important pour moi de t'écrire pour te dire ces choses que j'aurais voulu savoir il y a 100 jours.
Ce que je tenais à te dire ce soir, c'est que tu en fais assez.
Ta classe n'est peut-être pas parfaite comme toutes celles que tu t'imagines lorsque tu les vois défiler sur Instagram. Dis-toi que celle que tu as construite est à ton image et est parfaite dans ses imperfections. Tous les efforts et le temps que tu as mis dans celle-ci sont incroyables. Elle n'est peut-être pas ce que tu t'imaginais, mais tu en as fait assez.
Les activités que tu fais avec tes élèves ne sont peut-être pas celles imaginées. L'activité que tu as passé des heures à préparer et qui finalement n'a pas été le succès imaginé t'as peut-être beaucoup déçu. As-tu réussi à passer le message prévu? Tes élèves ont-ils appris quelque chose? Oui? Alors tu en as fait assez.
Ce soir, en t'écrivant je réalise que j'en fais assez. Oui, je mets beaucoup d'efforts dans ce que je fais. Oui, je partage beaucoup en ligne et je te fais entrer dans mon quotidien à l'aide de vidéos sur ma chaine YouTube. Malgré tout cela, j'en fais assez.
Nous sommes très exigeants envers nous-mêmes et cela nous amène à nous dépasser. Cela nous amène aussi à être déçus de nous et à remettre en question notre choix de devenir enseignant(e). À la fin de la journée, as-tu réussi à leur apprendre quelque chose? As-tu passé des moments agréables en présence de tes élèves? Il m'étonnerait que tu ne répondes pas oui, parce que tu en fais assez tous les jours.
Tous les jours, il y a un nouvel article publié dans les médias qui parle de l'enseignement et de notre milieu de travail. Va-t-il être positif aujourd'hui ou négatif? C'est toujours une surprise. Tu es confronté à l'opinion de tes proches, tes ami(e)s et du public. C'est difficile devoir toujours te justifier et expliquer les réalités de ton travail. Au bout du compte, peu importe ce qu'ils te disent tu es une personne extraordinaire et très peu prendraient ta place tous les matins. Tu te dis peut-être que tu devrais en faire plus, mais tu en fais déjà assez.
N'oublie pas de prendre soin de toi et de prendre des moments pour te reposer. Notre travail n'est pas facile, mais c'est important de décrocher par moments.
Pendant les 100 derniers jours, je trouvais que je n'en faisais pas assez. Je pensais que je n'étais pas à la hauteur de mes attentes. Il y a 100 jours, j'en faisais déjà assez et toi aussi. En repensant à tes 100 derniers jours, tu te dis peut-être que ton petit Alexis* pourrait en avoir plus. Dis-toi que cet élève est chanceux de t'avoir tous les matins, rassure-toi.
Peu importe ce qu'on te dit, tu en fais assez.
Et surtout.
Bonne semaine des enseignants et des enseignantes!
*Cet élève est un nom fictif. Toute ressemblance à quelqu'un est une coïncidence.
Au nom de tous les enseignants du Québec , MERCI monsieur !
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